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Lac d'Antre Paradise
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Lac d'Antre Paradise
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3 avril 2009

la suite

Le jardin, ce n'était plus elle, mais mon grand oncle. Tiré au cordeau, ce jardin varié affichait sur un premier niveau : salades, carottes, radis, aromates. Les plantations étaient séparées par des planches de récupération. Plus bas, les pomme de terre, et enfin, au sud, vers le lac, en bordure des grillages portant les stigmates du temps qui passe, on pouvait trouver des cassis et des groseilles.
Accessible par un portillon en bois bleu vermoulu, on ne pouvait y pénétrer sans
autorisation.
Tonton et Tati passaient beaucoup plus de temps que nous dans cette maison familiale. Ils vivaient dans une aile de la ferme, à l'étage. Peu nombreux sont les moments où j'y suis monté. Il y avait là haut (je ne sais comment l'expliquer), quelque chose de froid, d'austère.
Peut-être trop d'interdictions pour l'enfant que j'étais.
Les interdits étaient l'inverse de mes désirs dans cet environnement majestueux.

Des expériences, il y en a eu des centaines pour chacun, et je ne pourrais toutes les citer.
Elles étaient variées et sans barrières, à l'opposé les unes des autres selon nous quatre.

Pendant qu'Odile mettait des couches (délicatement découpées dans du papier hygiènique) aux crapauds, Paul et moi concevions des soupes de tétards à coup de pilon. Pourquoi? Est-ce la différence des sexes qui déjà orientait nos activités?

Il n'y a pas d'expérience réussie sans observation profonde. L'observation, ici, c'était le maître mot.
Je me revois encore allongé sur le rebord de l'ancien lavoir qui servait de vivier aux peches miraculeuses. Situé au bord du lac, caché sous l'ombre des feuillages des grands frênes, cet endoit était magique.
En amont, une source assise au pied des grands arbres alimentait ce bassin.
A plat ventre, mes yeux cherchaient une perche, une tanche...et là...un brochet! Quels curieux animaux.
J'appréciais de voir le mouvement différent de leurs yeux, le rythme et le battement des branchies.
Souvent, les écureuils étaient de la partie. Les frênes ont été pendant 2 ou 3 ans leur repère.
On ne savait plus qui observait qui!
Quand ils s'approchaient frileusement, je faisais mine de ne pas les voir. Je les épiais à mon tour, toujours allongé, par dessous mon bras, la tête penchée, un oeil fermé pour laisser scruter l'autre.

Les vacances avancaient au rythme des découvertes.

Les jours de pluie ne nous empechaient pas de sortir. Au contraire. Dans nos bottes, on courait au ruisseau.
Dans un premier temps, nous lançions de grosses pierres afin de constituer une digue. Au fur et à mesure, on empilait ces cailloux délicatement, et pour finir nous prenions soin du choix des dernières pièces pour les meilleurs emboitements. Souvent, la digue cédait. On trouvait toujours une alternative à cette occupation.
Jetter un bâton dans l'eau, et le suivre dans le courant jusqu'à la cascade...
Cela ne parrait rien, et pourtant c'était déjà beaucoup, nous étions dehors, nous jouions.

Lorsque les pluies étaient trop fortes, c'est dans la pièce principale de la ferme que nous nous retrouvions tous.
Mal éclairée par des petits abat jour rouges, cette pièce était chaleureuse.
Des guirlandes de chaussettes, short et tee shirt séchaient près de la cheminée. Oui, ces jours là, le foyer brûlait de grosses bûches afin d'assécher la ferme quelque peu humide.
Le bois ne manquait pas. L'année d'avant le gros frêne, à l'angle du fumier, avait été abattu, troçonné et débité. Il nous réchauffait.

Ces journées d'orage de juillet auraient pû paraître longues pour l'enfant que j'étais.
Mais non, j'en profitais, sous les yeux aguéris de manan pour coller les diverses feuilles de lichen ramassées les jours d'avant. Puis on les identifiaient. Une fois finies, les planches botaniques venaient s'ajouter aux collections précédentes. S'il restait du temps, je partais chercher dans la grange, à deux écuries plus loin, des boules de déjection de chouette.

En effet, une chouette effraie prit possession de la grange durant un été.
Le fenestron réparé, on ne la vit plus.
De retour à la table du salon, je disséquais sous les yeux ecoeurés de mes soeurs, la précieuse boulloche de poils, afin d'y extraire les squelettes de ses repas précédants.
Mulots, souris, loirs, se reconstituaient sur la table. Vertebres, côtes, tibias, omoplates et crânes souvent défoncés devenaient pour un moment, mon puzzle.
Je découvrais l'ossature de ces petits rongeurs que
tonton Lili capturait dans ses pièges toutes les nuits, et au petit matin, partait les noyer sous mon regard déçu. Il est vrai qu'ils avaient élu domicile sous les toits. La nuit venue, ils dansaient la Polka!

On avait soupé, fermé les volets, et maman nous fit remarquer que la bise s'était levée. Presage de beau temps me confia-t-elle.

Au petit matin, le soleil avait chassé la pluie. Tout était encore humide et le soleil donnait aux champs et au lac de vives couleurs.
Dans ces moments là, j'étais impatient de finir ma leçon de mon passeport de 5ème.
Je baclais mes devoirs pour retrouver min école, celle où l'on voit, après les jours de pluie, les tritons dans les grosses flaques , prisonniers dans les cicatrices causées par les démontagneurs de sapin. Ce jour là j'étais au premier rang d'une classe à ciel ouvert, une de ces classes où l'on apprend tout seul, et surtout, la liberté d'apprendre.

Papa aurait préféré que je mette autant d'enthousiasme dans les mathématiques, le français ou autre discipline que l'on enseigne au collège!
D'ailleurs, le début du mois d'août annonçait son arrivée. Maman allait le chercher tard dans la soirée à Lons-le-Saunier. Il arrivait de Paris. Il nous fallait attendre le lendemain matin pour avoir la joie de l'embrasser.
Son arrivée annonçait aussi la fin de notre séjour jurassien. Papa avait passé son mois de juillet à Issy-les-Moulineaux. Son mois de congé commencait et nous allions partir dans le midi, le var, où lui, avait ses racines et souvenirs de vacances.

Nous partions à 6 dans la voiture, en général en début de matinée.
Je savais que nous allions trouver d'autres plaisirs, copains, et que les vacances n'étaient pas finies.
Mes soeurs laissaient derrières elles, Tino et Dédé, qui avaient promis de descendre les voir en cyclo, une belle performance. Le camping de Sainte Marguerite les accueillerait.

Mon frère devait avoir autant hâte que moi de voir la mer en arrivant sur Cassis en fin d'après midi.
L'odeur des pins arrivait plus tard, vers Toulon.
Nous allions durant ce parcours jouer au masque, citer les animaux commençant par toutes les lettres de l'alphabet, compter les 2 CV rouges, puis les R5 blanches.
Papa, lui essayait d'écouter au travers du post radio qu'il avait installé, une station qui ne grésillait pas. Mission impossible.

Maman conduisait, participait à certains jeux. Elle nous sortait de temps en temps de l'agacement de la voiture par une phrase comme celle-ci :
- Oh les enfants, regardez un dromadaire!
J'écarquillais les yeux, un dromadaire sur l'autoroute, où ça...mais où ça?
C'était une voiture immatriculée de la drôme; ben oui, pourquoi pas!!!

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Commentaires
P
Coucou,<br /> Que dire, je lis ces souvenirs partages avec delectation. Un bonheur intimiste et délicieux. Ne pas arrêter surtout.<br /> <br /> Et Bravo Olivia aussi pour la transcription.<br /> <br /> Bises,
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